Les échos d’Octobre

30ème dimanche Ordinaire A – Mt 22,34-40
26 octobre 2014

Une invitation au bonheur

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… et ton prochain comme toi-même ! »

« Tu aimeras ! »

 Comment peut-on imposer d’aimer !? Comme si aimer était une question de volonté !

« Tu aimeras…ton Dieu ! »

 Il est déjà difficile d’aimer ceux que l’on voit et que l’on côtoie, alors aimer Dieu qu’on ne voit pas, n’est-ce pas nous demander l’impossible ?

Ceux qui sont familiers de l’Évangile, ceux qui devinent dans leur vie la présence du Christ Ressuscité – brûlure au cœur, fontaine jaillissante de paix et de joie – se savent et se sentent profondément aimés.

Se laisser aimer par Dieu, Le laisser faire et Il fera fondre l’orgueil et l’égoïsme présents en chacun. Peu à peu notre regard sur le monde et sur les autres change. Notre cœur s’élargit aux dimensions du Sien. Son amour nous habite et nous porte vers les autres.

Aimer comme Dieu nous aime, sans conditions, sans exceptions, sans rien attendre en retour. Il ne s’agit donc pas d’un effort à faire, mais de Le laisser faire.

Le commandement suprême devient alors : « Tu te laisseras aimer par Dieu. Et par Lui, avec Lui et en Lui, tu aimeras ton prochain de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces.« 

Et le Christ ajoute : « Tu aimeras ton prochain…comme toi-même !« . On nous a trop souvent répété que nous devions nous mortifier, nous sacrifier, misérables pécheurs que nous sommes. Allons donc ! Le Christ ne demande pas cela. Il nous invite au contraire à nous émerveiller de la Vie et de l’Amour qui nous animent.

Se savoir aimé. Se laisser aimer. S’aimer et aimer les autres. C’est là une invitation au vrai bonheur.

 

Lucien Vanstipelen

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29ème dimanche Ordinaire A – Mt 22,15-21
19 octobre 2014

La question fiscale, une question religieuse

« Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? ». Question piège posée à Jésus à l’issue d’une alliance contre nature (comme cela arrive souvent en politique) entre les partisans d’Hérode (véritables collaborateurs de l’occupant romain), les sadducéens, véritable parti religieux aristocratique et conservateur, formé d’opportunistes habiles, les pharisiens, un autre parti religieux, nationaliste, des légalistes purs et durs et enfin, le groupe des Zélotes, des pieux fanatiques, nationalistes militants, véritable nid des terroristes pour défendre les acquis religieux d’Israël. Sont-ils différents des extrémistes de tout bord de nos religions d’aujourd’hui ?

Quel est le comportement de chacun de ces groupes par rapport à l’exigence de payer l’impôt à l’empereur ? Les partisans d’Hérode payent leurs impôts sans problème. Le sadducéens le font par opportunisme politique, les pharisiens par hypocrisie mais les Zélotes ne payent jamais les impôts. Chaque groupe attend la réponse de Jésus pour se positionner mais aussi et surtout pour se débarrasser de ce prophète réformateur sans groupe d’appartenance. La question fiscale est avant tout une question religieuse. Si Jésus répond à la question posée par l’affirmative (oui, il faut payer l’impôt à l’empereur), il insulte et trahit le Dieu de Moïse. Il devient un renégat. S’il réagit négativement (non, il ne faut pas payer l’impôt à l’empereur), il peut être accusé d’agitateur auprès de Pilate. La vraie question est la suivante : « Seigneur, crois-tu au Dieu de Moïse ou à César, l’empereur-dieu ? ».La réponse de Jésus est sans équivoque : «  Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Réponse complexe et difficile qui confond les envoyés des pharisiens et d’Hérode, victimes de leur propre piège. Ceux-ci doivent d’abord discerner eux-mêmes ce qui appartient réellement à César et ce qui appartient à Dieu. A l’exception des partisans d’Hérode, les autres interrogateurs sont juifs et ils savent par la loi de Moïse que tout appartient à Dieu.

La première interprétation, à mon humble avis, est que Jésus veut amener ces compatriotes et les partisans d’Hérode à éviter la confusion dans leur discours : La réalité sociale vécue sous l’occupation romaine avec ses avantages et son cortège de servitude doit être intégrée dans la vie sans pour autant oublier l’exigence de l’amour de Dieu et du prochain. Ils ne peuvent pas enfermer Dieu dans une tendance humaine fût-elle politique ou religieuse. Ce type de comportement trahit la nature même de Dieu. La deuxième interprétation est le rejet et la négation pure et simple des origines divines de César, l’empereur-dieu pour les romains. César est une créature de Dieu et en étant même empereur, il a des comptes à rendre à Dieu. Dieu est Dieu, il ne peut être confondu avec une de ses créatures. On n’enferme  pas Dieu dans un calcul humain quelconque mais chaque individu, même le politique, a des comptes à lui rendre.

Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » Phrase célèbre et magique, mais aussi la référence pour tout homme politique qui veut rappeler à l’Eglise d’être apolitique. L’Eglise doit-t-elle se taire ?  Et qui est l’Eglise ?L’Eglise, peuple de Dieu en marche, est constituée des hommes et des femmes, citoyens d’une communauté nationale. A ce titre, ces citoyens ont leur mot à dire dans l’administration du quotidien de leur vie. Leur mot, éclairé par la foi et les valeurs de l’Evangile doit faire appel au discernement, à la prise de responsabilité pour la promotion humaine de chaque membre de sa communauté nationale dans tous ses aspects et pour le bien- être de tous. Ne nous tenons donc pas à l’écart des enjeux sociaux politico-économiques qui nous concernent tous.

Willy-Roland Mfukala Moke Key,

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28ème dimanche Ordinaire A – Mt 22,1-14
12 octobre 2014

Le cadeau de la fête est toujours là !

 

Depuis plusieurs semaines, les lectures se suivent et se ressemblent : Jésus nous raconte des paraboles, des histoires souvent à double sens pour nous expliquer le Royaume de Dieu. Mais c’est quoi finalement le Royaume de Dieu ?

Je me suis amusée à comparer rapidement les différents textes : on y parle d’un patron ou d’un propriétaire, d’une proposition de travail que l’on refuse ou que l’on accepte et des résultats de ce travail. A chaque fois, il y a une logique déroutante : on y voit la liberté du maître qui récompense chacun avec une générosité débordante qui ne lèse personne. On y voit un patron qui n’engage pas ceux qui sont bardés de diplômes ou de certitudes mais ceux qui sont capables simplement de sincérité et de retournement.

Dans le texte de ce dimanche, il ne s’agit plus d’un patron mais d’un roi. On ne parle plus de travail mais de fête, donc de joie : un roi marie son fils et veut en faire profiter ses amis. Mais les invités font la fine bouche et déclinent l’invitation. Ils vont même jusqu’à malmener les envoyés du roi. Cela fait furieusement penser à la façon dont le message et la personne du Christ sont reçus à son époque, comme à la nôtre. Ringard d’être croyant ! On relègue Dieu au fond d’un tiroir ou à la poubelle, hors de sa vie en tous les cas.

La parabole nous apprend que même si les invités se détournent de l’invitation, le roi persévère. Le cadeau de la fête est toujours là ! Et le roi élargit l’invitation à tous ceux qu’ils rencontrent pourvu qu’ils mettent l’habit de fête. Serait-ce la fine pointe de toutes ces paraboles du Royaume ?

Pour moi,  le Royaume de Dieu, c’est le projet de Dieu pour l’humanité. Dans ce projet, nous sommes appelés à faire fructifier ce que le Seigneur a déposé entre nos mains, gratuitement, et il nous attend comme partenaire, comme invités à la noce. La parabole d’aujourd’hui nous apprend quelque chose de fondamental : le royaume de Dieu, annoncé par Jésus-Christ est relation. Dieu n’attend pas des pantins ou des esclaves mais des personnes qui librement acceptent son invitation et y répondent. C’est le sens de l’habit de fête à revêtir. Qui d’entre nous ne se préparent pas lors d’un mariage pour faire honneur à la fête et à l’amour ainsi célébré ? Cette invitation permanente à la fête et à la relation m’enchante et me donne du cœur à l’ouvrage pour transformer toutes mes relations selon le projet de Dieu.  N’est-ce pas cela faire advenir le Royaume ici et maintenant ?

 

                                                                       Dominique Olivier

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27ème dimanche Ordinaire A – Mt 21,33-43
5 octobre 2014

 

Est-ce un paradoxe ? Je vous le demande

Est-ce un paradoxe ? Je vous le demande.  C’est à l’occasion d’un séjour en Alsace, presqu’au milieu des vignobles que j’ai découvert ces lectures qui m’ont inspiré ce mot.  Qu’elle est belle cette région viticole striée de plants de vignes montrant un paysage bien ordonné.  Il y en a à perte de vue.

Et la Bible, elle aussi nous parle de la vigne mais pas comme les vignerons alsaciens.  Reconnaissez que, pour le prophète, le propriétaire n’a pas de chance : d’abord, il a sélectionné les ceps de sa plantation en vue d’une bonne récolte et il en reçoit quelque chose d’infect, d’innommable.

Pour Jésus, il a confié son terrain aux mains d’un personnel qualifié qui se révèlera vite n’être qu’une bande de profiteurs sans foi, ni loi.  Pas de chances.  Cela ne ferait pas grand-chose dans les pages d’un journal.

Alors, mettons-nous à un niveau différent.  La vigne : Israël, l’Église, quelque chose qui a de la valeur aux yeux de son propriétaire.  Les ouvriers : nous ? les responsables à des niveaux divers ? La mission : nous ne sommes pas propriétaires mais responsables, quoi que peuvent en penser les vignerons de l’évangile de ce dimanche.  La vigne est quelque chose de vivant. Elle doit produire du bon. Nous l’avons reçue presque en héritage de nos parents et nous en sommes responsable jusqu’au jour où les générations qui nous suivent la recevrons, elles-aussi, en héritage pour d’autres.  Elle est reçue.  Comment la gérons-nous ?

Un vieux fruit du passé auquel nous n’accordons guère d’importance quant à son entretien.  Notre seule préoccupation est qu’elle donne, peu importe comment, qu’elle donne jusqu’à l’épuisement.  Tant qu’elle donne, ne nous tracassons pas de son état.

Au fond, comment vivent-elles nos églises ? Je ne parle pas des bâtiments mais des communautés qui s’y rassemblent.  Qu’est-ce que nos héritiers en recevront ?  Là, c’est l’Église : le peuple de Dieu.  Sortons de l’univers catho ! Et si la vigne prenait le visage de la Terre, cette petite planète bleue sur laquelle nous essayons de vivre ? Qu’elle serait notre réaction ? Ne l’a-t-on pas reçue un jour en fermage ? Alors, qu’en faisons-nous ?

MAYERES Jean-Luc