LES ECHOS FÉVRIER 2016

3ème Dimanche Carême C – Luc 13, 1-9
28 février 2016

Dieu de miséricorde

         Voici un évangile étonnant qui rassemble deux faits divers, un commentaire de Jésus et une parabole

Face aux événements dramatiques du massacre des Galiléens et de la catastrophe de Siloé, les gens font le lien entre péché et souffrance. C’est parce qu’ils ont péché, qu’ils sont punis par Dieu ; ces idées sont ancrées dans le peuple depuis plusieurs générations.

Jésus répond catégoriquement qu’il n’y a pas de lien direct entre souffrance et péché. Les Galiléens tués et les victimes de Siloé n’étaient pas plus coupables que les autres, que les survivants.

Et Jésus poursuit en invitant les gens à une véritable conversion. Invitation qui a été faite à plusieurs reprises par de nombreux prophètes qui accompagnaient le peuple d’Israël.

Mais Jésus ajoute aussitôt la parabole du figuier qui nous révèle un Dieu plein de patience et d’indulgence. Si nous voyons un figuier qui épuise le sol sans porter de bons fruits, nous pensons rapidement qu’il faut l’éliminer. Les pensées de Dieu sont toutes autres, Dieu ne veut pas la mort du pécheur qui ne porte pas de fruit mais qu’il se convertisse et qu’il vive. Face à nos dessèchements, nous devons nous rappeler que Dieu est tendresse et pitié, qu’Il est miséricorde, penchés sur nos misères. La conversion qui nous est demandée c’est de donner toute notre confiance à Dieu qui est miséricorde et patience infinie.

« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » cela voudrait dire que si les hommes ne font pas confiance à Dieu, nous sommes comme le peuple d’Israël au désert qui doit choisir entre la confiance  en Dieu et le doute.

Se convertir, c’est choisir la confiance, c’est croire en Dieu qui est bienveillant, miséricordieux pour tous les hommes et femmes qui sont ses enfants bien aimés.

Martine Becco

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2ème dimanche de carême C – Lc 9, 28-36
21 février 2016

« Ecoutez-le ! »

Le message de Dieu le Père, dans ce récit de la Transfiguration est clair : nous sommes invités à « écouter » Jésus.

Retenons deux sens de ce mot « écouter ».

Le premier s’adresse à nos oreilles et à notre esprit. Ecouter suppose une attention soutenue pour bien saisir ce qui est dit. L’expression populaire qui dit que « certaines paroles entrent par une oreille et sortent par l’autre » est malheureusement souvent très vraie.  Nous sommes distraits, nous sommes préoccupés par tant de choses, de soucis, de projets, de divertissements… que nous ne prenons pas toujours le temps d’écouter vraiment le Seigneur.

Le deuxième sens consiste à donner suite à ce que nous avons écouté attentivement. Quand nous étions petits, nous parents nous disaient : « Tu n’écoutes pas ! » Cette parole signifiait que nous n’obéissions pas à ce qu’ils nous demandaient.

Quand le Père dit aux disciples et nous dit à nous aussi, en parlant de son Fils : « Ecoutez-le ! », c’est aux deux sens qu’il fait appel : « Ecoutez-le attentivement et ensuite mettez en pratique ce que vous avez entendu. »

Reconnaître que Jésus est le Fils bien-aimé du Père, qu’il est celui qu’Il a choisi pour nous sauver, c’est un acte de foi extraordinaire. Mais cette reconnaissance ne doit pas s’arrêter à une simple réflexion de notre esprit, ou à un simple oui de notre cœur. Elle doit se vivre par nos mains et nos pieds, c’est-à-dire qu’elle doit se traduire en actes d’amour des autres et plus spécialement des plus démunis, en actes de miséricorde, comme notre Pape François nous y invite en cette année sainte.

Le Temps de Carême est un temps particulièrement propice pour cela.

Abbé Joseph Desonay, doyen

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1er Dimanche Carême C – Luc 4, 1-13
14 février 2016

 

AVOIR FAIM

 

Jésus est conduit au désert, poussé par l’Esprit, ne mange rien durant 40 jours ; puis il eut faim….

Quelle est cette faim ? Celle de l’estomac et du corps ? qui réclament du carburant pour vivre…Celle d’un pouvoir humain à vouloir imposer son opinion…Celle d’un pouvoir omnipotent sur lequel rien ne peut faire trébucher…ou…une faim d’amour si intense pour tous les hommes, une conscience de la miséricorde du Père, qui fera tout pour le bonheur des hommes, jusqu’à offrir son Fils en sacrifice.

Ce Fils qui va dire : oui Père…et qui va s’engager sur cette voie sans retour, qui le mènera au Golgotha. Jésus est la miséricorde du Père incarnée corps et âme, Dieu et homme à la fois en plénitude totale. Il connait et vit les limites de notre humanité, il en connait les faiblesses jusque dans sa chair. Il éprouve nos propres sentiments, il a faim de nous, de toutes nos lâchetés, nos inconséquences, notre faim de pouvoir, nos esclavages face aux idoles de notre monde actuel : pouvoir, argent, assuétudes aux drogues, sexe, débauches et autres joyeusetés secrétées par le côté obscur de notre être.

Jésus veut manger toutes ces horreurs, il a faim de toutes nos pauvretés et veut les avaler pour les dissoudre et les remplacer par l’Amour miséricordieux, qui ne juge pas mais accueille les bras ouverts. Il veut nous transfigurer parce que lui-même a repoussé les assauts du Mal tentant de le convaincre par des arguments tellement humains mais rien qu’humains !

Jésus prend alors la route de Jérusalem, il sait que la mort n’aura pas le dernier mot car la faim d’Amour est plus forte que tout, sa puissance détruira ce qui nous enchaîne…et nous entrainera dans l’amour et le service des autres : quel retournement ! : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger : ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait »

 

La conclusion vitale de notre aujourd’hui est sans hésitation dans «  prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous »

 

Que cette marche de 40 jours au travers de nos déserts soit pour chacun un chemin de libération de toutes nos servitudes vers celui qui nous illumine par sa Vie. Belle montée vers Pâques.

 

Ivan Doigny, diacre

 

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5ème dim Ordinaire C –  Lc 5, 1-11
7 février 2016

 

Pêcheurs d’hommes

Jésus était un prédicateur populaire itinérant qui parlait avec une autorité étonnante ; en l’écoutant, les gens écoutaient la « parole de Dieu ». Les foules se pressaient pour l’écouter. Ce galiléen était un grand orateur. C’est l’occasion de rappeler que la première mission de l’Eglise, des Evêques et de leurs collaborateurs prêtres et diacres, est d’annoncer la parole de Dieu, de prêcher l’Evangile.

Après s’être servi de la barque de Pierre comme tribune, Jésus donne l’ordre de jeter les filets pour prendre du poisson. Il semble ignorer que ce n’est pas le moment favorable. Les pêcheurs du lac sont expérimentés : la nuit est le moment le plus indiqué. Avancés au large, les pêcheurs tendent leurs flambeaux allumés ; les poissons sont attirés par la lumière ; on jette le filet. Pierre fait remarquer que même au moment favorable, ils n’ont rien pris. Mais il fait confiance et obéit.

La pêche fut miraculeuse et toucha les pêcheurs d’autant plus que le miracle s’était produit dans leur domaine professionnel. Pierre, conscient de l’autorité divine dont Jésus jouissait et de sa faiblesse de pécheur, se prosterna. Lui-même et ses compagnons ressentirent ce qu’on peut ressentir quand on se sait en présence de Dieu : la frayeur, l’effroi. Cette rencontre les a marqués pour la vie : ils ont tout quitté pour suivre le Christ. Jésus compare leur mission à une pêche : ils seront « pêcheurs d’hommes ».

Cette comparaison pourrait être mal comprise. En effet, les pêcheurs arrachent les poissons à leur milieu vital. Entassés dans la barque, les poissons meurent, puis sont vendus et consommés.

Il convient de connaître la pensée des gens de la Bible : ils redoutaient la mer et les océans. Sous l’effet des tempêtes, les vagues se déchaînent et engloutissent les navigateurs qui osent s’aventurer. Ils en déduisent que les profondeurs marines sont la demeure des esprits mauvais, du Malin. En instituant les disciples comme pêcheurs d’hommes, il leur demande d’arracher les hommes à l’influence du démon.

Très tôt, la barque de Pierre où sont rassemblés les disciples avec leur Maître, est devenue l’image de l’Eglise. Celle-ci a la mission de libérer les hommes des griffes du démon, de les rassembler dans la foi et de les conduire vers les rives de l’éternité où ils rejoindront le Ressuscité qui leur prépare un repas. Souvent, l’Evangile compare le Royaume à un banquet.

Il est toujours intéressant de situer un texte biblique dans son contexte et de le lire à la lumière de la mentalité des auteurs.

Abbé Auguste Reul