LES ECHOS AVRIL 2016

5ème dimanche de Pâques C – Jn 13, 31-35
Dimanche 24 avril  2016

 

« Je vous donne un commandement nouveau :

aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ! »

 Et voilà comment depuis plus de 2000 ans, les chrétiens sont appelés à mettre l’amour au centre de leur vie, de leurs paroles, de leurs actes et même de leurs pensées.
Ce commandement nouveau n’a pas fini de titiller nos tiédeurs tant l’amour « à la manière de Dieu » est difficile à mettre en pratique.

Pensez- donc ! Cet amour est inconditionnel : il ne se mérite pas, il ne regarde pas si celui à qui il est offert a le pedigree adéquat pour l’obtention de ce don. Cet amour est toujours forcément neuf, comme une première fois, car on n’aime pas vraiment si le geste d’amour n’est que répétition passive du passé. Cet amour est fraternel parce qu’il crée un être nouveau qui vit dans une communauté qui sera sans frontières : ethnique, sexiste, sociale… Cet amour doit être visible puisqu’il doit montrer la fraternité réelle pour être signe de Jésus toujours présent.

Cet amour est entraide, accueil, service, pardon ; il ne se limite pas aux proches mais inclut tous ceux qui sont dans le besoin.

Rien de très « béni oui-oui » là dedans… une certaine dose d’héroïsme, oui ! C’est sans doute pour cela qu’il est si rare dans sa forme complète… militante… jusqu’auboutiste…

 

Ne serait-ce pas dans ce genre d’amour que le Pape François a puisé lorsqu’il est allé sur l’île de Lesbos le WE dernier ? Nous provoquant à augmenter notre propre capacité à aimer en voyant l’humain avant l’adepte de telle ou telle religion ; en compatissant à la peine ; en ne nous habituant jamais aux images des hommes, des femmes et des enfants qui pleurent leur terre perdue et l’absence de main tendue ; en ne restant pas dans l’incantation et en faisant notre part du boulot même si c’est une goutte dans l’océan… Et donc en refusant d’être de ces européens égoïstes qui préfèrent « la vente » honteuse de la gestion difficile des réfugiés à la recherche de solutions dignes et courageuses pour des frères humains en détresse.

 

« Voyez comme ils s’aiment… c’est à cela qu’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples ! »

 

Anne Van Linthout-Locht
Assistante Paroissiale


4e dimanche de Pâques – Jn 10, 27-30
Dimanche 17 avril 2016

Tu nous guideras aux sentiers de vie…

« J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, parvienne le salut aux extrémités de la terre« . Voici ce que nous dit la lecture des Actes de ce jour.

Paul et Barnabé sont en bute à la jalousie des dirigeants de synagogues à Antioche de Pisidie. Ils prêchent dans les salles de prières des juifs et annoncent la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Beaucoup de personnes les rejoignent, ce qui amènent les responsables des synagogues à essayer de s’en débarrasser. Ils sont expulsés. Quand nous aussi, nous essayons d’annoncer Jésus-Christ, nous sommes si souvent en bute à des oppositions. « Laissez ces discours pour vos églises et ne venez pas sur l’espace public » entend-t-on de plus en plus, comme si le message d’amour du Christ était un risque pour nos concitoyens aujourd’hui. C’est vrai qu’on peut se méfier des agissements de certains groupes extrémistes dans certaines cultures, mais ne mélangeons pas tout !

La lecture de l’Apocalypse de Jean nous dit que « l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur pour les conduire vers les eaux de la source de vie« .

L’évangile présente Jésus comme le « Bon Pasteur des brebis. Il les connaît et elles le suivent. Personne ne les arrachera de sa main« .

Confiance donc. Jésus nous conduit là où nous sommes invités à aller, vers le Père. Quel que soit le chemin qu’il nous fait emprunter, même s’il est parfois « déroutant » (qui nous fait changer de la route que nous pensions suivre), c’est lui le Pasteur. Avoir la Foi, c’est lui faire confiance.

Désiré van Ass, curé de l’UP Liège nord – Vottem


3ème dimanche de Pâques C – Jn 21, 1-19
10 avril 2016

 

Prêts à nous jeter à l’eau ? À plonger dans la miséricorde de Jésus ?

 

Après le traumatisme de la violence et de la mort, nous voyons ici Pierre prendre une décision inattendue, qui révèle à la fois son tempérament de chef et sa santé spirituelle : « Je vais à la pêche ! ». Les autres, encore sous le choc des évènements, n’attendaient que cela : « Nous allons aussi avec toi ! »

Il fallait prendre cette initiative. En attendant des directives précises de Jésus, en attendant sa présence plus sensible, Pierre propose de retrouver dans un travail d’équipe les automatismes d’autrefois. C’est vigoureux. C’est dynamisant …

Et pourtant ils vont peiner toute une nuit sans rien prendre. Cependant Jésus les rejoint tous ensemble au moment de l’effort infructueux, et il se fait reconnaître par l’abondance de la pêche, et surtout, la disproportion de ce que Jésus donne en quelques instants après les échecs répétés tout au long de la nuit. Quand Jésus exauce, c’est toujours royal.

Tous mesurent la réussite, mais un seul a immédiatement l’éclair de la foi, celui qui était suffisamment pauvre de lui-même pour percevoir les signes de Jésus au creux du quotidien : « C’est le Seigneur ! ».

Immédiatement on entend un plongeon, puis l’on voit des gerbes d’eau qui foncent vers le rivage. Quand Pierre a reconnu Jésus, qu’a-t-il fait ? Il a mis un vêtement et s’est jeté à l’eau !  Cela signifie quelque chose pour nous aussi depuis le jour de notre baptême. Le Christ nous a revêtus de Son Amour comme on met un beau vêtement blanc ! Mais cela ne suffit pas. C’est tous les jours que nous devons, comme Pierre, nous jeter à l’eau pour la plus belle des aventures, celle de la Foi, de la Vie avec Jésus.

« Nous ne devons pas avoir peur d’être chrétiens et de vivre en chrétiens ! » disait le Pape François.

Le disciple que Jésus aimait a été le premier à voir et à dire ; mais Pierre a été le seul à se jeter à l’eau, comme pour s’y laver de ses reniements avant de rencontrer le regard de Jésus. Il avait péché plus lourdement : il serait le premier à revenir ; et il allait faire ce jour-là, au petit matin, l’expérience merveilleuse du pardon de Jésus.

Dans le court dialogue qu’ils auront après le repas, Jésus ne lui fait aucun reproche. Le passé n’est même pas évoqué … cette fameuse nuit où par trois fois Pierre avait déclaré : « Je ne connais pas cet homme ! » Le mot pardon n’est même pas prononcé, et c’est en redisant trois fois son amour pour le Christ, que Pierre se découvre pardonné, transfiguré, recréé par un amour plus puissant que toutes les morts spirituelles.

Croyons en ce pardon et osons nous « mouiller » pour semer  Son amour et Son Pardon dans notre monde blessé !

Madeleine Doigny-Conrardy


ème dimanche de Pâques C – Jn 20,19-31
Dimanche 3 avril 2016

 

Christ est ressuscité

Le Christ Ressuscité apparaît au milieu de ses disciples enfermés par la peur. « Nous avons vu le Seigneur« , osent-ils proclamer.

Pas évident aujourd’hui de proclamer la Résurrection du Christ et la Victoire de la Vie sur la mort, la Victoire de l’Amour sur la haine, dans le climat dramatique de cette actualité qui nous parle du matin au soir d’attentats, de victimes innocentes, de niveau 4, de peur et d’insécurité.

Décidément, le monde ne tourne pas rond.

Quand certains gaspillent tandis que d’autres meurent de faim.

Quand on torture et qu’on tue des chrétiens à cause de leur foi.

Quand on brûle leur église, qu’on leur vole leurs biens, qu’on les chasse de leurs terres et qu’ils meurent en mer.

Quand l’Europe négocie avec la Turquie un accord anti-réfugiés si répugnant que le Haut Commissariat de l’O.N.U. et le Vatican se voient obligés de le dénoncer.

Quand on tue au nom de Dieu qu’Il s’appelle Allah, Jésus-Christ ou Yahvé ou qu’il s’appelle Argent, Pétrole, Pouvoir.

Quand des fous dangereux se font exploser en tuant des innocents.

Est-ce donc la victoire des ténèbres, de la haine, de la violence, de la mort ?

Tout porterait à le croire, si un jour Dieu n’était pas entré dans l’histoire des hommes, dans l’humanité défigurée par la haine, rejoignant toutes les victimes des violences aveugles, tous les souffrants du monde, tous les exclus, les exilés, tous les crucifiés.

Il est entré dans notre humanité, et ce vendredi-là, Il est descendu aux enfers de la haine totale, de l’injustice insupportable, de la détresse absolue. Il est descendu dans ce que l’humanité a de plus bas, comme on descend dans un caveau, et Il l’a illuminé du feu de son amour.

Tout au long de son chemin de croix et jusqu’à son dernier souffle, Il n’a cessé de pardonner et d’aimer, même ses ennemis. Son amour était si fort, dit la chanson, qu’Il triompha de la haine et de la mort.

Un matin de printemps, la lourde pierre qui écrasait l’humanité a été roulée et le Christ est sorti vainqueur de la mort où l’avaient englouti toute la haine, toutes les forces du mal.

Et depuis ce jour-là, depuis ce jour de Pâques, il ne nous est plus permis de désespérer. Être croyant, c’est croire que l’amour vaut la peine, que c’est même le seul chemin possible.

Il y en a qui réagissent aux incidents dramatiques en laissant monter en eux l’esprit de vengeance, la haine, la rancœur, le racisme. Ceux-là malheureusement amplifient le mal et font ricaner les tueurs.

Mais il y a d’autres heureusement, de toutes religions ou même sans religion, qui se lèvent et qui s’engagent pour aider les victimes, pour consoler ceux qui pleurent, pour se mettre au service des souffrants, ceux qui allument la bougie de l’espoir, ceux qui refusent la haine et veulent construire, envers et contre tout, un monde de paix, une terre fraternelle et accueillante à tous.

Non, nous ne céderons pas à la rancœur, au racisme primaire, aux simplifications et aux amalgames, au rejet de l’autre.

Nous vivrons et un jour le monde vivra d’amour. Oh, le chemin est encore long – très long – pour que l’homme devienne homme, pour que l’humanité devienne humaine. Mais le jour de Pâques, un élan décisif a été pris, un élan que nous relayons, un élan qui ne cessera jamais.

Lucien Vanstipelen