Evangile du mois

L’évangile du mois paraît dans le mensuel ‘Bonnes nouvelles’ de la Vallée du Geer.

Septembre-Octobre 2018: Évangile du dimanche 2 septembre (22ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (7, 1-8.14-15.21-23)

En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques: lavage de coupes, de carafes et de plats. Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus: «Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens? Ils prennent leurs repas avec des mains impures.» Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit: Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » Appelant de nouveau la foule, il lui disait: «Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. » Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule: «C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses: inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »

Méditation

Les pharisiens interpellent Jésus sur la non-observance par ses disciples de certains préceptes de la loi – et c’est vrai qu’elle est importante, cette loi ! Mais depuis la sortie d’Égypte, plusieurs siècles se sont écoulés, et même si chaque année, la liturgie des Juifs leur rappelle l’histoire de leurs ancêtres, il semble que beaucoup aient perdu le sens de cette loi faite pour la Vie, que Dieu leur donna au désert après les avoir libérés de l’esclavage. Dans la première lecture, Moïse leur dit: ‘Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien, mais vous garderez les commandements du Seigneur votre Dieu tels que je vous les prescris.’ (Dt 4,2). Pourtant au fil des ans, plus de 600 sous-préceptes ont été ajoutés aux dix Paroles de Vie de la loi des origines. Les chefs religieux accordent énormément d’importance au respect de toutes ces règles qui non seulement détournent de l’essentiel, mais sont si nombreuses qu’elles en deviennent invivables, et que leur application scrupuleuse produit l’effet inverse de celui recherché. La religion est devenue mortifère au lieu d’être source de Vie. Les disciples, qui vivent auprès de Jésus, ont acquis une intelligence de la tradition qui leur donne une certaine liberté face à tous ces préceptes rituels. Et nous, aujourd’hui, comment nous situons-nous dans notre vie de foi, dans notre vie tout court? Ce temps de la ‘rentrée’ est un moment propice pour faire le point, se poser les bonnes questions et repartir sur des bases saines. Interroger nos pratiques, nos schémas de pensée, nos critères de choix, nos exigences, et les confronter aux Évangiles. Lire et relire ces textes porteurs de Vie. Nous demander honnêtement si oui ou non, nous privilégions la Vie et l’Amour avant tout, si oui ou non nous pouvons être appelés disciples du Christ, Chrétiens.

Annick SAUVAGE

 


Été 2018: Évangile du mercredi 15 août: Assomption de la Vierge Marie

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 39-56)

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

Méditation

Parmi les nombreux chants qui ont bercé ma petite enfance, il en est un qui m’avait particulièrement touché: «Ma maman est une maman comme toutes les autres mais c’est la mienne». Notre maman choisie de toute éternité pour nous mettre au monde, nous nourrir, nous épanouir, prendre soin de nous, notre maman est unique. C’est cette chanson qui m’est revenue en tête tandis que je rédigeais cette réflexion à propos de la fête de l’Assomption. L’Évangile de l’Assomption nous rapporte un fait, nous décrit une scène: Élisabeth accueille sa cousine, une jeune juive croyante de NAZARETH, ce village perdu de Galilée «d’où ne peut rien sortir de bon». «Je vous salue, Marie». Nous avons peut-être banalisé cet accueil introduisant notre «Ave Maria» prononcé par Élisabeth, remplie de l’Esprit-Saint et qui garde une force véritablement prophétique. Marie, une femme avec son corps et son esprit, une jeune fille, une maman. Une maman comme toutes les autres aux yeux des hommes. Rien ne la distinguait. Elle a mis au monde, dans la douleur sans doute, loin de chez elle, après un pénible voyage à dos d’âne à travers la montagne. Elle a eu peur pour son enfant, elle a pris la route de l’exil, espérant pour lui, un avenir meilleur. Lorsque son enfant, qu’elle avait appelé Jésus, est devenu grand, il a quitté la maison et le métier que son père lui avait appris et s’est mis à vivre comme un vagabond, se nourrissant de l’aumône des gens. Lui qui avait un si beau métier. Elle l’a vu critiqué par ses frères, malgré toute sa gentillesse, persécuté puis enfin souffrir un calvaire atroce suspendu à une croix. Elle l’a reçu dans ses bras le soir du vendredi saint, pleurant toutes les larmes de son corps. Une maman comme toutes les autres au destin particulièrement tragique. Ne disait-on pas à NAZARETH, c’est le fils de Marie, le fils du charpentier? Une maman comme toutes les autres et pourtant tout est exceptionnel dans sa vie. Elle est la seule à qui Dieu a fait dire : «Veuxtu bien être la maman de mon fils qui par toi prendra forme humaine? ». Veux-tu même si cet enfant ne sera pas vraiment comme les autres? Il en a fallu une dose de foi, hors du commun pour croire que le bébé qu’elle avait accepté de porter en elle était le Fils de Dieu, le Sauveur, le Messie promis depuis des siècles au peuple choisi. Un enfant à qui elle a donné la vie, qu’elle a vu grandir en le faisant profiter de tout son amour et de sa sagesse. Un enfant qui lui a souvent fait peur, un enfant venu apporter un message d’amour au monde et pourtant mis à mort par ceux qu’il était venu sauver. Il leur avait appris toute leur dignité d’hommes, d’enfants de Dieu, choyés par Lui, avec une tendresse infinie. Une maman comme les autres. Jésus, par délicatesse, l’a fait venir près de lui, dans la maison du Père afin qu’elle puisse être notre maman du ciel. Mais c’est sa présence auprès de nous que nous fêtons en ce jour de l’Assomption. Elle nous accueille, celle qui demeure l’une d’entre nous, celle qui a su faire confiance à Dieu, celle qui s’intéresse à notre vie présente, celle qui nous laisse un dernier message: « faites tout ce qu’il vous dira ». Une maman comme les autres.

Prière

Nous nous disons peuple en marche, nous avons une histoire, un long passé de ténèbres et de lumière. Marie, nous t’en prions, ouvre devant nous un nouvel avenir, que ton exemple nous fasse sortir de toute cette fausse richesse, de toutes ces certitudes qui nous gardent en sécurité et cependant captifs. Rends-nous plutôt communs, pauvres et moins sûrs de tout, aide nous à faire confiance aux appels de Dieu, à comprendre l’Évangile, à suivre ton Fils.

Jean-Claude SIMON


Juin 2018: Évangile du dimanche 24 juin: Nativité de Saint Jean Baptiste

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (1, 57-66; 80)

Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. » On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui. L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël.

Méditation

Il aurait dû s’appeler Zacharie comme son père, ou du moins porter le nom d’un de ses ancêtres, ainsi le voulait la tradition. L’enfant à peine né, les proches tentent déjà de le faire entrer dans le moule de l’ordre établi. Mais sa mère s’y oppose, elle souhaite l’appeler Jean. Comme il est aussi de coutume que ce soit non pas la mère, mais le père, qui donne son nom à l’enfant, l’assemblée se tourne alors vers Zacharie, qui bien que frappé de mutisme, appuie les paroles de son épouse, conformément aux directives reçues de l’ange neuf mois plus tôt.

Ce débat autour du nom est moins anodin qu’il n’y paraît : pour les Juifs, le nom donné à un enfant détermine son caractère, son être propre, le chemin qu’il prendra dans la vie. Le choix du nom est donc très important pour eux, et si Luc place cet épisode au tout début de son évangile, ce n’est pas anecdotique : Jean Baptiste est la figure d’une transition entre deux époques : d’une part le monde ancien, figé dans des traditions immuables, refusant tout changement et symbolisé par Zacharie ; d’autre part l’ouverture à une nouvelle manière de vivre le rapport à Dieu et aux autres, qui sera inaugurée par Jésus.

Au lieu de s’appeler Zacharie, ‘Yahvé se souvient’, nom qui le maintiendrait tourné vers le passé, solidement accroché aux traditions et à tout ce qui est couru d’avance, il s’appellera Jean, ‘Dieu fait grâce’, nom ouvert sur l’inattendu de ce qui vient, propice à accueillir la nouveauté parfois déstabilisante du message évangélique.

Mais que nous dit ce texte à nous, aujourd’hui ? Nous pouvons nous interroger : sommes-nous, comme l’entourage d’Élisabeth et de Zacharie, accrochés à nos vieilles traditions, refusant obstinément de changer ne serait-ce qu’un iota à ce qui s’est toujours fait, ou sommes-nous prêts à bouleverser nos habitudes et le confort des terrains balisés pour réinventer de nouvelles façons de vivre notre foi ?

Seigneur, en ce temps de Pentecôte, ouvre nos cœurs au souffle de Ton Esprit, rends-nous attentifs aux signes des temps afin que nous discernions dans l’aujourd’hui de nos vies les chemins que tu nous montres.

Annick Sauvage.


Mai 2018: Évangile du jeudi 10 mai: Ascension du Seigneur

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (16, 15-20)

En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit :
« Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »

Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.

Méditation

Lorsque j’étais petit enfant et qu’on me parlait de l’Ascension de Jésus, je regardais en l’air et j’imaginais que si, d’un revers de manche, on avait pu écarter tous ces nuages encombrant notre vue, on pourrait voir ce beau jeune homme fringuant assis confortablement au côté d’un vieillard barbu. Je restais là comme les apôtres à me demander: quand reviendra-t-il ? Plus tard j’ai appris que le ciel n’était qu’une image, semblable à celle utilisée pour me faire accepter le départ prématuré de mes grands-parents. Mes parents ajoutaient: rassure-toi, ils sont toujours là à tes côtés, ils continuent à t’aimer et t’aideront encore sur ta route de la vie. L’Ascension, c’est le départ de Jésus mais c’est aussi le départ des apôtres. Une nouvelle fois Jésus surprend par l’invitation formulée: «allez enseigner toutes les nations ». Au début de sa vie publique, Jésus avait commencé par appeler près de lui. C’était le temps du «viens et suis-moi». Mais au lendemain de l’Ascension, l’Évangile doit être proclamé parce qu’il est projet de vie. Par l’absence-présence, Jésus est plus présent que par sa chair, il apporte son Esprit. L’Ascension c’est une invitation à nous élever vers davantage de liberté et d’autonomie. L’Évangile de Jésus nous élève et nous fait croire à un autre monde possible. Un monde qui peut commencer ici-bas, si nous le voulons. Lorsque le Christ, vivant, «s’élève», son esprit libéré visite chacun d’entre nous dans sa personnalité à venir. À ce moment-là, le pouvoir du temps a cessé pour lui. Christ dépose chez ses disciples de la 1ère heure puis chez tous ses disciples une richesse nouvelle: vivre l’attente et la veille. Celle-ci s’expérimente dans le clair-obscur d’un temps intermédiaire. En effet, si la mort n’est pas la vérité dernière, comme il nous l’a démontré, nul n’est exempté de passer par elle. Si la Passion du Christ est victoire sur le mal, la violence continue à travers le monde. Si le baptême fait de nous des enfants de Dieu, la faiblesse, le péché sévissent régulièrement et ce jusque dans l’Église. Ainsi donc, dès le lendemain de l’Ascension et jusqu’à nos jours, ce temps nouveau annoncé par Jésus mêle ombres et lumières, de telle sorte que l’affirmation de foi peut toujours être là mais aussi contestée, refusée ou niée. L’attente et la veille sont au cœur même du nouveau Testament. Il affirme que c’est le retour du Ressuscité qui donnera pleine visibilité à sa victoire sur le mal et sur la mort. C’est ainsi que ce Jésus apparemment «absent» ne cesse d’être présent à la vie de l’Église. Sa venue à la fin des temps, ce ne sera pas un retour mais plutôt une apothéose, une célébration, une manifestation grandiose pour une présence qui n’aura jamais cessé d’exister.

Prière

Seigneur, Tu es le cœur, la vérité de notre vie. Pour trouver ton royaume, il nous faudra aller jusqu’au bout. Soutiens-nous, donne-nous la force de rester près de Toi. Aide-nous à percevoir les signes de ta présence au plus intime de notre existence et à montrer notre bonne volonté en travaillant comme les apôtres l’ont fait. Ils se sont donnés de cœur et d’âme, il se sont perdus afin de Te trouver, notre Père, notre Dieu dans et pour ce monde aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps.

Jean-Claude SIMON


Avril 2018: Évangile du dimanche 1er avril: Pâques

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 1-9)

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit: «On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé.» Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat; cependant il n’entre pas. 
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. 
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. 

Méditation

Dans ce court passage de l’Évangile, le mot tombeau est cité 6 fois. Étonnant, que dans un récit visant à annoncer la résurrection, on parle autant d’un symbole de mort…

Qu’ont-ils donc vu au tombeau ? Ce qu’ils ont aperçu nous est décrit avec précision : le tombeau ouvert, les linges posés à plat, le suaire roulé. Marie Madeleine y voit le vol du cadavre, et Pierre reste sans voix, ne sachant probablement que penser. Mais le disciple qui avait une conscience particulièrement aiguë d’être aimé de Jésus, voit dans ces éléments les signes de sa résurrection : il vit, et il crut. Marie aura besoin, pour croire, de s’entendre appeler par son nom. Pierre, comme la première lecture et la fin de l’évangile nous le laissent supposer, ne sera réellement convaincu que quand il verra Jésus manger et boire de la nourriture terrestre. Thomas, lui, aura besoin de toucher les marques de ses plaies.

Il y a un peu plus d’un an, ma meilleure amie est décédée. Les semaines qui suivirent furent lourdes et ténébreuses: sensation de tomber dans le vide, submergée de tristesse en pensant aux moments passés ensemble qui ne reviendraient plus… J’allais fleurir sa tombe, essayant de l’y retrouver, sans y parvenir. Peu à peu surgit le sentiment qu’elle n’était pas sous ce tas de terre. Bien sûr, je savais que son corps y avait été déposé, je l’avais vu de mes yeux, mais je ne sentais pas sa présence quand je considérais le petit tumulus. Ou plutôt, je la sentais présente, mais pas là. Impression étrange, inexprimable, que celle qui comptait tant pour moi ne pouvait tout simplement pas être réduite au néant. Deux mois après son décès, un événement survenu dans ma vie est venu confirmer ce que je sentais confusément au plus profond de moi-même : elle est vivante, tout près de moi, elle continue d’accompagner ma route comme elle l’a toujours fait, présence discrète mais bien réelle. Depuis ce jour, le besoin presque physique de me rendre au cimetière a disparu, je suis rendue à ma vie.

Seigneur, parfois nous avons peine à croire en la réalité de Ta présence, Vivant dans nos vies. Nous regardons mais ne voyons pas. Ouvre nos yeux en ce matin de Pâques, mets en nos cœurs la brûlante certitude de ta présence, afin que par toi, et avec toi, nous vivions nous aussi en ressuscités. Amen.

Annick SAUVAGE


Mars 2018: Évangile du dimanche 


Février 2018: Évangile du dimanche 4 février ( 5° TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (1, 29-39)

En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : «Tout le monde te cherche.» Jésus leur dit : «Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile; car c’est pour cela que je suis sorti.» Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

Méditation

Ite, Missa est ! Ces trois petits mots, prononcés par le prêtre ou le diacre à la fin de la messe dans la liturgie latine, comment les comprenons-nous, que nous disent-ils ?‘Allez, la Messe est dite, rentrez chez vous, il n’y a plus rien à voir – ni à faire ’…?

Aussitôt sortis de la synagogue, Jésus et ses disciples rentrent à la maison. On est en plein Sabbat : interdiction de travailler, et même de faire quoi que ce soit qui ne soit absolument nécessaire à la survie. Pourtant, à peine rentré, Jésus semble transgresser cet interdit, né d’une compréhension très rigoriste de la loi mosaïque, en guérissant la belle-mère de Simon. Un peu plus tard dans la même journée, c’est par dizaines qu’il guérira les nombreux malades venus jusqu’à lui, le Sabbat à peine terminé. Et dès le lendemain à la première heure, sa prière le presse d’aller annoncer la Bonne Nouvelle dans les villages voisins, où il fera également de nombreuses guérisons.

Nous sommes au tout début de l’Évangile de Marc, mais cette alternance de temps de prière et d’action concrète au cœur du monde, nous la retrouverons tout au long du récit: dans les quatre coins de la Palestine et même dans les territoires païens, Jésus ne se contente pas d’annoncer la Bonne Nouvelle, il joint le geste à la parole : sa prière se fait parole et gestes qui accueillent, qui libèrent, qui guérissent, qui relèvent, qui aiment.

À ceux qui un peu plus tard, séduits par son charisme, lui demanderont ce qu’ils doivent faire pour être ses disciples, Jésus répondra : ‘Renoncez à vous-mêmes et aux limites de vos conforts, prenez votre courage à deux mains et venez à ma suite, mettez-vous en route pour m’aider à soulager les souffrances des hommes, mes frères et vos frères’.

Ite, Missa est ! : ‘Allez, la Mission est devant vous, elle est à vous, mettez-vous au boulot, il y a du pain sur la planche !’ 

Annick SAUVAGE.


Janvier 2018: Évangile du dimanche 28 janvier ( 4° TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (1, 21-28)
Jésus, accompagné de ses disciples, arrive à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit mauvais, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Silence! Sors de cet homme.» L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri. Saisis de frayeur, tous s’interrogeaient : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent. » Dès lors, sa renommée se répandit dans toute la région de la Galilée.

Méditation

«Es-tu venu pour nous perdre?» Cette question tourne dans ma tête régulièrement lorsque je lis ce passage de l’évangile. Es-tu venu pour nous perdre? Lorsque j’étais plus jeune, il m’arrivait d’imaginer que certains avaient bien plus de chance que moi. Ils semblaient vivre sans foi ni loi et pouvaient ainsi agir à leur guise. Ce n’est que plus tard que je découvrirai que Jésus est le principal éducateur du genre humain. Il lui révèle, encore aujourd’hui à travers les écritures, à la fois sa liberté et sa dignité; il incite l’homme à mener une vie juste et charitable et le soutient constamment par sa grâce pour qu’il y parvienne. La liberté est le bien le plus précieux de l’homme. Dieu, je le sais aujourd’hui, la respecte, et mieux, nous encourage à la privilégier. Je ne parle pas ici de la liberté, synonyme de «laisser faire» mais de liberté au sens autonomie et respect de nos engagements librement consentis. Jésus dans son message nous invite à aller encore plus loin en proclamant le bonheur à ceux et à celles qui savent véritablement aimer. Il nous engage à choisir ce qu’il y a de meilleur pour nous.

Je vois dans la vie quelques moments importants où nos choix vont conditionner notre épanouissement et notre joie de vivre. S’ils sont faits en fonction de valeurs profondes et personnelles, ils seront sources de bonheur. Je pense par exemple aux jeunes qui doivent choisir entre les différentes voies qui se présentent à eux. Certains ne penseront qu’à opter pour des métiers qui rapportent, qui donnent des loisirs mais qui ne procureront pas nécessairement du bien-être. Pour être bien dans leur peau et s’épanouir, il leur faut tenir compte de leurs talents et tenter de les développer en devenant le meilleur d’eux-mêmes. Les parents et les professeurs ont la lourde tâche de les accompagner dans la découverte de leur personnalité. Un autre moment tout aussi important dans la vie, c’est le choix d’un compagnon ou d’une compagne de route. On a coutume de dire que l’amour est aveugle, la haine aussi d’ailleurs. La précipitation à laquelle on assiste parfois a de quoi étonner. Pourtant, là aussi, il faut choisir ce qu’il y a de meilleur, celui ou celle qu’on pourra rendre heureux. Tout notre bonheur vient de l’autre et de notre capacité de nous oublier parfois nous-mêmes. Jésus nous l’a rappelé: il n’y a pas de place pour l’égoïsme dans l’amour.

D’autres moments vont égrainer notre vie. En vieillissant, il nous faudra choisir d’avoir des enfants, choisir de les éduquer sans trop d’erreurs dans le respect et la dignité, ils sont enfants de Dieu. En vieillissant encore, il nous faudra choisir la façon dont nous allons … vieillir: aigri par la vie, défaitiste, abattu par la maladie, … ou persuadé qu’on va vers du meilleur et qu’au bout de la route, il y a un Dieu qui m’aime et qui m’accueille avec mes qualités et mes défauts. Dernièrement lors d’un séminaire de développement personnel, une participante m’a demandé comment il fallait être parent aujourd’hui. J’ai répondu qu’il fallait les aimer «vraiment». Puis je me suis ravisé, je n’avais pas de leçons à donner. Par la suite, je lui ai expliqué ce que j’aurais dû dire d’abord et qui donne un sens à ma vie: chaque fois que j ‘entre en contact avec un jeune, un malade, un couple en souffrance, la solitude d’un senior, … chaque fois j’essaie de dire à Dieu que j’ai besoin de lui. Je lui demande d’ouvrir mes yeux et mon cœur, qu’il me donne les mots et les gestes qui feront du bien. Et le bon Dieu le plus souvent fait son boulot. Parfois je me demande comment j’ai pu dire certaines choses, poser certains gestes. La raison est simple, si nous le voulons, c’est Dieu qui agit pour nous et par nous aux moments importants de la vie.

Alors à la question: «es-tu venu pour nous perdre?», je répondrai comme LESSING, dans son ouvrage «l’éducation du genre humain» écrit en 1780, que la perfection n’a jamais existé à l’origine mais qu’elle advient progressivement par l’exercice de la raison et que les bienfaits de l’éducation conduiront un jour à réaliser la promesse divine d’un âge d’or.

Prière

Seigneur Dieu, à tout homme prisonnier de lui-même, tu donnes ta parole libératrice. Tu nous appelles à être libres, à devenir des femmes et des hommes reflétant l’image et l’esprit de Jésus-Christ. Donne-nous la force qui a fait vivre ton Fils, donne-nous l’espace qu’il a ouvert, rends-nous réceptifs et libres, nous saurons qui tu es et nous vivrons alors avec toi dans ce monde.

Jean-Claude SIMON.

 


écembre 2017: Évangile du dimanche 1° décembre ( 1° Avent)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (13, 33-37)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : «Prenez garde, restez éveillés: car vous ne savez pas quand ce sera le moment. C’est comme un homme parti en voyage: en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin; s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous: Veillez ! »

Méditation

Longtemps, j’ai ressenti ce passage d’évangile, et plusieurs autres, comme une menace, avec peur. Je comprenais: ‘Attention, si tu n’es pas en ordre au jour du grand retour de Jésus, tu iras en enfer; sois donc attentive à chaque instant à rester sur le droit chemin, sinon…’

Quand on attend un événement menaçant perçu comme inévitable, on a tendance à faire l’autruche: ne pas trop y penser pour ne pas déprimer, et puisque de toute façon, on n’y échappera pas, autant profiter de la vie tant qu’il y en a. Veiller semble alors bien peu utile…

Mais il y a une autre manière d’attendre. Quand j’étais enfant, j’attendais la venue de Saint Nicolas avec une impatience et une persévérance de tous les instants: dès que les premiers catalogues de jouets faisaient leur apparition dans les boîtes aux lettres, je passais chaque jour beaucoup de temps à les tourner et retourner dans tous les sens, à découper les cadeaux qui me faisaient rêver, à essayer différentes combinaisons pour arriver à en mettre le plus possible sur ma lettre sans dépasser le montant maximum fixé par maman, et pas un soir, je n’oubliais de déposer mes pantoufles bien rangées au pied de mon lit pour que le Grand Saint y dépose les friandises annonciatrices de sa venue prochaine. Et quand il venait à l’école ou au Palace, nous chantions à tue-tête, encore et encore, jusqu’à ce qu’il apparaisse enfin. De même, les jours de ‘Fête à GLONS’, il nous fallait attendre, pour aller sur les carrousels, que maman ait terminé la vaisselle du dîner, et comme le temps nous semblait long alors ! Nous restions debout près de la fenêtre, guettant tous les signes indiquant que les manèges commençaient à ouvrir (premiers flonflons à peine perceptibles à nos oreilles tendues, copains plus rapides se dirigeant déjà vers le centre du village…), et trépignions d’impatience devant cette vaisselle qui ne finissait pas assez vite à notre goût.

Retrouvons notre âme d’enfant pour vivre le temps de l’Avent avec la même ferveur attentive: ce temps est celui de l’attente de Noël, moment où, en Jésus, Dieu vient à notre rencontre pour s’unir à nous et nous unir à Lui, en des noces de bonheur éternel. On comprend alors l’importance de veiller, d’être attentifs à tous les signes de Sa Présence, pour ne pas louper cette merveilleuse rencontre qui est possible à chaque instant, dans l’Aujourd’hui de nos vies, si nous savons le reconnaître et l’accueillir.

John Henry NEWMAN a de très beaux mots pour décrire cette attente:
« Savez-vous ce que c’est que d’avoir un ami, d’attendre qu’il vienne, et de le voir tarder ? Savez-vous ce que c’est que de désirer que le temps passe en attendant la venue de quelqu’un qui vous fait battre le cœur ? Savez-vous ce que c’est d’avoir un ami au loin, d’attendre de ses nouvelles, de vous demander, jour après jour, ce qu’il fait en ce moment, et s’il se porte bien… Veiller dans l’attente du Christ est un sentiment qui ressemble à ceux-là ».

Bonne entrée en Avent à toutes et à tous !

Annick SAUVAGE.


Novembre 2017: Évangile du dimanche 5 novembre ( 31ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (23, 1-12)

En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples, et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

Méditation

Sommes-nous de ceux qui pensent qu’être chrétien, c’est suivre un catalogue de bonne conduite ? Sommes-nous de ceux qui pensent que notre présence à la messe dominicale et que les quelques dons que nous faisons aux collectes font de nous un «bon chrétien». L’évangile de ce dimanche nous ouvre un autre chemin.

«S’abaisser», c’est vivre pleinement notre condition humaine avec ses échecs et ses paradoxes, avec la santé et puis aussi la maladie… et ce malgré nos conquêtes scientifiques et nos désirs de mieux-être. Au travers de cette page d’évangile le Christ initie une nouvelle voie spirituelle fondée sur l’humilité et le service. Il transmet un enseignement éthique à portée universelle : éviter l’arrogance, faire ce que l’on dit faire, égale dignité de tous les êtres humains, justice et partage.

Certes ce n’est pas facile d’avancer dans la société telle qu’elle est, pas facile de participer en silence à l’inhumain qui s’étale sous nos yeux, pas facile de s’écarter des idées dominantes de réussites sociales. Prétendre vivre en humble chrétien n’est qu’utopie ou illusion si nous n’agissons pas selon nos valeurs. Dès que les circonstances s’y prêtent, tâchons de rebondir. Donnons moins d’importance à l’argent, risquons davantage, soyons joyeux, laissons la place qui revient à notre prochain. Le Christ ne nous demande pas de nous «absenter» du monde ni de nous contenter de regarder la caravane qui passe avec tristesse, mais bien d’être présent autrement. Le bonheur du chrétien n’est pas dans le bonheur tel qu’on l’entend habituellement. Il est dans l’incessante marche à la recherche du Christ dans nos vies. Alors sortons, vivons tant que nous sommes encore vivants, mettons nos pensées en actes et abaissons-nous au service car nous n’en serons que plus élevés.

Prière

Dieu éternel, ton nom et ton empreinte, nous tâchons de les porter au plus profond de nous-mêmes. Nous t’en prions, rends-nous serviables sans nous imposer pour que nous puissions aider les autres sans les humilier. Rends-nous dévoués à la terre, à tout ce qui est petit, insignifiant, pour que nous puissions prendre à cœur, ce que personne ne perçoit parfois. Apprends-nous à attendre, à écouter et à nous taire quand c’est nécessaire. Rends-nous petits et suffisamment pauvres pour que nous acceptions nous-mêmes d’être parfois aidés par les autres. Renvoie-nous chercher dans ce monde la nourriture de ta parole, la force de ton nom. Permets-nous de ne pas rester en arrière, anxieux et à l’écart mais revêtus de notre habit de service, de voir les nouvelles possibilités que tu nous donnes pour être homme et femme sans préjugé en ce moment de notre histoire actuelle.

Jean-Claude SIMON.

 


Octobre 2017: Évangile du dimanche 1er octobre ( 26ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (21, 28-32)

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. » Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »

Méditation

Dans la religion juive, les grands prêtres et les anciens sont traditionnellement les garants du respect de la loi, les modèles qui se donnent en exemple au peuple, et que tous devraient pouvoir imiter. Mais cette loi, ils l’ont peu à peu dénaturée, s’attachant plus au respect des pratiques cultuelles, des manifestations extérieures de piété, qu’à son cœur, qui est chemin d’Amour et de Vie. Sous prétexte de faire appliquer la loi, ils condamnent et excluent toutes les personnes qui les dérangent, les mettent mal à l’aise, les obligent à remettre en question leur vision des choses, ou font obstacle à leur confort et leur suprématie.

Tout au long de sa vie publique, Jésus s’est confronté à cette vision faussée qui considère les apparences plutôt que le cœur de l’homme. Chaque fois, il s’est attaché inlassablement à remettre au centre, clairement et fermement, l’impératif premier duquel découlent tous les autres : aimer Dieu et le prochain. Ce faisant, il dérange les autorités : les chefs des prêtres et les anciens essaient par tous les moyens de le prendre en défaut, afin d’éliminer ‘proprement’ ce ‘fauteur de trouble’ qui les empêche de régner tranquillement. Mais ils n’y parviennent pas, comme le montre le passage précédant directement cette parabole. C’est alors que Jésus donne à leur réflexion l’histoire des deux fils, les comparant à celui qui dit vouloir faire la volonté du Père, mais dont les actes ne correspondent pas aux paroles. Et on verra quelques chapitres plus loin que ça les mènera à prendre une décision diamétralement opposée à la loi qu’ils prétendent défendre : ordonner la mise à mort d’un homme innocent.

Jésus, aujourd’hui encore, vient nous interpeller : sommes-nous de ceux qui font résonner de belles promesses mais passent difficilement à l’action, ou de ceux qui n’hésitent pas à retrousser leurs manches, parfois dans l’ombre et hors des structures de l’Église, pour faire grandir l’humanité en faisant régner plus de justice et de fraternité ?

Ce qui m’émerveille, c’est l’Amour du Père pour tous ses enfants : son Amour est aussi fort pour celui qui dit ‘oui, oui’ mais n’agit pas, que pour celui qui traîne les pieds mais qui y va quand-même. Il tend à chacun ses bras grands ouverts. La différence n’est pas dans l’amour de Dieu pour nous, mais dans la joie qui règne en nous quand nous marchons sur le chemin d’Amour et de Vie qu’Il nous offre.

Seigneur, Ton plus grand désir est que tous les hommes soient heureux. Merci de nous interpeller sans cesse pour nous ouvrir les yeux, et de nous faire Don de Ton Esprit. Aide-nous à l’accueillir, afin que nous puissions marcher avec Toi sur le chemin qui donne la Vie en plénitude.

Annick SAUVAGE.

 


Juin 2017: Évangile du dimanche 4 juin (Pentecôte)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (20, 19-23)

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »

Réflexion

Pour beaucoup d’entre nous, Pentecôte n’évoquera encore qu’un weekend prolongé. Si le soleil est au rendez-vous, ce sera peut- être barbecue ou longs déplacements, en avion ou en voiture. Quelques privilégiés feront partir leur bateau du port. Le navigateur manœuvrera la voilure et le gouvernail, mais il devra compter sur le vent pour le faire avancer. Les actes des apôtres en 1ère lecture et l’Évangile de Jean utilisent l’image du vent, du souffle qui, en ce jour de Pentecôte, symbolise la présence de l’Esprit de Dieu, aujourd’hui encore, au milieu des hommes et des femmes de toutes races et de toutes conditions. Luc, pour parler de l’église naissante au jour de Pentecôte, évoque également le souffle de l’Esprit, le vent de Dieu. Le Pape François appelle aujourd’hui les pasteurs de l’Église à mettre leurs pas dans ceux du Christ: «Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui, c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le cœur des fidèles (…) L’Église s’est parfois laissé enfermer dans des petites choses, des petits préceptes. Le plus important est la première annonce : «Jésus-Christ t’a sauvé». Dans la continuité des prophètes juifs qui l’ont pré- cédé, Jésus entend rappeler l’Esprit de la loi divine prise trop souvent à la lettre alors qu’elle est là pour épanouir, faire grandir, non pour condamner ou écraser. L’Évangile fourmille d’exemples qui montrent comment Jésus redresse, sauve, élève sans jamais juger, sans jamais infliger de leçon de morale, sans même tenter de convertir. Ceux qui l’entendent se sentent avant tout aimés, reconnus, ils sont touchés! C’est parce qu’ils s’entendent dire pardonnés, qu’ils recouvrent l’estime d’eux-mêmes. C’est parce que Jésus leur a révélé leur part lumineuse, c’est parce qu’il leur montre qu’ils sont dignes d’être aimés, qu’ils ont envie de devenir meilleurs et qu’ils modifient leur comportement. C’est l’Esprit Saint qui fait surgir de nouveaux désirs chez ceux que Jésus croise aujourd’hui encore et dont la vie est déréglée, immorale, vide de sens. «L’Esprit se joint à notre esprit» dit saint Paul, ce qui signifie qu’il éclaire notre intelligence, fortifie notre volonté, brûle dans notre cœur. Sans l’Esprit, Jésus ne serait qu’un personnage historique lointain. C’est l’Esprit qui actualise la présence du Christ vivant dans son Église. Jésus, dans ses discours d’adieu, nous annonce qu’il nous enverra l’Esprit Saint afin que nous puissions mettre nos pas à sa suite. À la suite des Apôtres, le jour de la Pentecôte, aujourd’hui peut être plus que jamais, nous sommes invités à nous mettre davantage à l’écoute de l’Esprit Saint et de placer au-dessus de tout l’amour du prochain en vue de l’édification d’une fraternité universelle.

Prière

Voici le jour, Seigneur Dieu, où nous commémorons ton souffle donné à ce monde, où tu proposes un feu d’amour en chaque femme et en chaque homme de bonne volonté. Voici le jour où nous sommes convoqués pour être ton église toujours naissante. Nous te remercions avec les paroles que tu as semées en nous. Voici le jour où par la force de l’Esprit Saint et pleins de joie, nous t’appelons notre Père. Nous te prions, Seigneur Dieu, puissions-nous, conduits par cet Esprit, chercher la Vérité, respecter ta Parole et trouver Jésus, ton serviteur, ton Fils et notre Voie.

Jean-Claude SIMON.

 

 


Mai 2017: Évangile du dimanche 14 mai (5ème de Pâques)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (14, 1-12)

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi. Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais c’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres œuvres. Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des œuvres. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père. »

Méditation

« Où vas-tu ? » « Quel est le chemin ? » « Montre-nous le Père»…

Pierre, Thomas, Philippe, et vous, tous les autres, vous tous mes amis, mes frères, pourquoi cherchez-vous midi à quatorze heures ? Pourquoi cherchez-vous ailleurs ce qui est là, devant vos yeux ? Pourquoi cette inquiétude fébrile et cette recherche stérile d’un ailleurs, d’un plus tard, d’un ‘quelqu’un d’autre’, qui empêchent de vivre le Présent, qui vous empêchent de Vivre? Pourquoi ne pas accueillir simplement le trésor merveilleux qui vous est offert au cœur même de votre vie, ici et maintenant ?

Ouvrez les yeux, regardez et voyez : le chemin parcouru ensemble, riche de tous ces gestes de soutien, de toutes ces paroles de réconfort, de tous ces moments de joie pure et de louange, n’est-il pas là en vous, bien présent, concret, tangible ? Et n’est-ce pas lui qui vous donne le goût de vivre, qui fait de vous des vivants ?

Moi, je ne suis rien d’autre qu’Amour. Mon origine et ma destination, ma Vie, c’est le Père, qui est perfection, plénitude d’Amour. Le chemin qui y conduit, c’est aimer.

Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, et pour me suivre, vous savez comment faire, je vous l’ai dit, je vous l’ai montré : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.

Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, ne me cherchez pas ailleurs, ne cherchez pas le Père ailleurs, ne cherchez pas la Vérité ailleurs, vous seriez dans l’illusion. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, marchez sur ce chemin. Le Père et moi, nous marcherons avec vous, nous ferons notre demeure en vous. En rompant votre pain pour le partager, vous nous reconnaîtrez, et votre cœur sera brûlant d’amour, et alors vous saurez que vous êtes déjà dans le Royaume des Cieux.

Seigneur, aide-moi à marcher toujours mieux, toujours plus vrai, sur ce chemin de ma vie dans Ta Vie…

Annick Sauvage.

 


Avril 2017: Évangile du dimanche 9 avril (Rameaux)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (26, 14-27,66)

Quelques jours avant la fête de la Pâque, Jésus et ses disciples, approchant de Jérusalem, arrivèrent à Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers. Alors Jésus envoya deux disciples: «Allez au village qui est en face de vous; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle.  Détachez-les et amenez-les-moi.  Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez: ‘Le Seigneur en a besoin, mais il les renverra aussitôt.’».
Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient: «Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!  Hosanna au plus haut des cieux!»
Comme Jésus entrait à Jérusalem, l’agitation gagna toute la ville; on se demandait: «Qui est cet homme?» Et les foules répondaient: «C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée».

Méditation

La fête des Rameaux inaugure la semaine sainte et précède la fête de Pâques.  Elle constitue un des temps forts de l’année liturgique, car elle permet aux chrétiens de revivre les derniers moments de la vie du Christ, son entrée triomphale à Jérusalem jusqu’à la Crucifixion.  La foule acclame Jésus au terme d’ «Hosanna».  Cela signifie en hébreu «Sauve-nous maintenant» ou «Sauve, nous t’en prions». Nous savons comment 5 jours plus tard la même foule le fera sortir de Jérusalem sous les injures avant de le mettre en croix.

La passion ne pourrait être qu’un fait divers.  Jésus victime d’une injustice coloniale expéditive, comme tant d’hommes et de femmes aujourd’hui encore pris dans des combats ou des incompréhensions, éliminés avant même de savoir vraiment ce qui leur arrive.

La raison fondamentale pour laquelle Jésus doit mourir renvoie à une incompréhension de la mission du Messie.  Toute société, juive ou non, fondée sur l’argent, la puissance et la loi, le condamnerait encore aujourd’hui.  Jésus, quant à lui, met les femmes et les hommes à la première place, en leur subordonnant l’économique et le politique.  Or, la société considère trop souvent les individus comme étant un moyen.  Jésus, lui, révèle que Dieu est amour et qu’il refuse d’exercer sa puissance en raison même de l’amour qu’il porte à sa créature.  Comme tous les peuples de l’antiquité, les juifs croyaient en une divinité puissante et guerrière qui dirige et protège leur peuple.  C’est ainsi que se développe la croyance selon laquelle Dieu enverra un messie, sorte de roi pour libérer son peuple.  Et le voilà, sûr, c’est bien lui, qui entre dans Jérusalem, sous les acclamations !  Or Jésus, qui reconnaît être le messie ne veut pas d’un messie guerrier mais d’un messie « crucifié ».  Car il prône une sagesse d’amour qui change du tout au tout le visage traditionnel d’un Dieu inspirant la crainte et contredit l’instinct le plus universellement répandu : celui qui consiste à s’affirmer en dominant l’autre.  Jésus avait fait surgir de nouveaux désirs dans le cœur de ceux qu’il croisait et dont la vie était déréglée, immorale, vide de sens.  C’est ainsi qu’il veut sauver son peuple, transformant la tristesse en joie, l’angoisse en confiance, la mort en vie.  S’étant comporté selon ses convictions, il s’humilia plus encore en obéissant jusqu’à la mort sur une croix.

À l’image du Christ, il nous faut oser renoncer au pouvoir qui obsède et qui aveugle et accepter d’exercer l’autorité qui sert et accompagne.  Témoigner que Dieu n’est pas un juge, mais un libérateur -hosanna- que l’amour qui redresse est plus important que la loi qui condamne, que le chemin de croix du Christ jusqu’à sa Pâque est un message de vie qui humanise, aujourd’hui encore.

Prière

En cette fête des Rameaux, prions pour ceux qui, parmi nous, sont faibles et sans défense ; pour que la jeune génération trouve le bonheur en cherchant à se libérer de la «servitude » matérielle par un patient travail sur soi.
Prions pour que nous ne les scandalisions pas, ne leur apprenions pas la haine, mais les introduisions dans la vérité ; pour que nous ayons le courage de nous lever pour défendre ce qui est vulnérable, incertain, inachevé.

Jean-Claude Simon.

 


Mars 2017: Évangile du dimanche 12 Mars (2ème de Carême)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (17, 1-9)

Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus: «Seigneur, il est heureux que nous soyons ici! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.» Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre; et, de la nuée, une voix disait: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour; écoutez-le! » Entendant cela, les disciples tombèrent la face contre terre et furent saisis d’une grande frayeur. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit: «Relevez-vous et n’ayez pas peur!» Levant les yeux, ils ne virent plus que lui, Jésus seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre: «Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.»

Méditation

Et revoici le temps du Carême. Temps précieux pour nous Chrétiens, où comme chaque année, Jésus nous invite à le suivre, et nous emmène à l’écart. Quarante jours pour gravir à sa suite une montagne si haute qu’elle nous oblige à laisser en bas nos sacs trop lourds, nos trousses de maquillage, nos réserves de dix-heures pour les petites faims, nos guides touristiques et cartes d’orientation, notre appareil photo… Si haute et si abrupte qu’à certains endroits, on serait tentés de faire demi-tour, et qu’on a bien besoin d’être à plusieurs, de se soutenir, de se tirer, de se pousser, de s’encourager «ho…hisse ! » Si haute, qu’on n’en voit pas le sommet, et qu’on pourrait s’y perdre, s’il n’y avait quelqu’un qui nous précède et nous ouvre le chemin. Mais arrivés en haut, Seigneur, quelle joie ! Non seulement le paysage, la vue est magnifique, mais au bout de ce chemin parcouru ensemble, où il faudra persévérer, tenir, s’entraider, on fait la plus belle des découvertes. On se découvre soi-même – et on découvre les autres – capables de s’oublier, de se donner, capables de solidarité et de partage, là où on pensait être de fiers égoïstes. Capables de compréhension et de pardon, nous qui étions habitués à juger un peu vite et à condamner les moindres défaillances. Alors arrivés au sommet, nous sentirons mon -ter en nous la louange, et devenus capables de prière, nous nous regarderons, émerveillés de nous découvrir transfigurés, de découvrir nos vrais visages, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Seigneur, pendant ce temps de montée vers Pâques, aide-nous à retrouver notre vraie face de Carême, un visage rayonnant de nous sentir si proches de toi, de te savoir si proche de nous. Et forts de cette expérience, forts de cette espérance, aide-nous à repartir vers tous nos frères, sans rien leur en dire peut-être, mais en gardant notre visage transfiguré, nos yeux pleins d’étincelles et de sourire, pour leur porter la joie qui nous habite et la leur communiquer, simplement. Alors, la lumière de Pâque ne sera plus jamais loin.

Annick SAUVAGE.

 

 


Février 2017: Évangile du dimanche 5 Février (5ème TO)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (5, 13-16)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples: «Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur? Il ne vaut plus rien: on le jette dehors et il est piétiné par les gens. Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes: alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux».

Méditation

Riche en images, l’Évangile de ce dimanche nous rappelle que se prétendre disciple nous oblige à quelques exigences. Pour nous le rappeler, Jésus choisit deux images empruntées à la vie quotidienne. Il nous parle de sel et fait remarquer que s’il se dénature comment pourrait-t-il redevenir du sel. Il n’est plus bon à rien et risque d’être jeté. Et à propos de la lumière, si nous en sommes submergés aujourd’hui, il n’est pas moins vrai que nous en manquons parfois pour éclairer notre route et celle de ceux qui nous entourent. Ces paroles pourraient, au premier abord, être prises comme des compliments faits par Jésus à ceux qui le suivent, donc à nous, chrétiens. Mais il n’en est rien car il s’agit plutôt d’une invitation qu’il nous adresse tous les jours de notre existence: «soyez le sel de la terre et la lumière du monde ». Une invitation qui prend encore aujourd’hui des allures d’envoi en mission au cœur de notre monde, à commencer sous notre propre toit. Nous sommes appelés à éclairer les ténèbres, à donner le «goût» de Dieu et Dieu sait si le projet est vaste aujourd’hui, comme il l’a toujours été d’ailleurs. Quand des femmes et des hommes, autour de nous, «broient du noir» et cherchent un sens à la vie, nous sommes invités à être sel et lumière pour réveiller en eux l’espérance qui meurt. Et comment répondre à cette invitation ? Le prophète Isaïe ne peut être plus clair: «Si tu fais disparaître de ton pays, le joug, le geste de menace, la parole malfaisante, si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, et si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi ».

Prière

Seigneur Dieu, ce que tu as semé en nous, tu le moissonneras. Tout ce que tu es venu apporter à ce monde, tu l’accompliras, c’est ce que nous croyons. Tu nous appelles à être le sel et la lumière du monde dans lequel nous vivons. Parole qui demande une réponse. Ouvre notre bouche et emplis notre cœur de paroles bienveillantes pour les autres. Aide-nous à partager notre pain avec celui qui a faim, encourage-nous à recueillir ceux qui sont sans abri et à couvrir d’habits ceux qui ont froid. Apprends-nous à ne pas nous dérober à nos semblables. Que ton existence et ton amour puissent alors devenir visibles en nous et que nous puissions ainsi être reconnus comme étant de tes disciples.

Jean-Claude SIMON

 


Janvier 2017: Évangile du dimanche 1er Janvier (Marie, Mère de Dieu)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (2, 16-21)

Quand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire. Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Et tout le monde s’étonnait de ce que racontaient les bergers. Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. Les bergers repartirent; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé. Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.

Méditation

Que dire… ?
Le temps est à la fête, et j’ai à écrire un message d’espérance.
Mais ma meilleure amie, ma confidente, ma ‘grande sœur’ vient de mourir. J’ai l’impression que mon univers s’écroule, et resurgit la question du sens…
Pourtant, avec le mois qui commence s’ouvre un horizon nouveau : dans quelques semaines un petit enfant va venir agrandir la famille, mon fils va devenir papa, le fruit de mes entrailles est sur le point d’accueillir le don d’un bonheur, une bénédiction…
Comment concilier, réconcilier en moi ces deux réalités : d’un côté l’immense tristesse du départ de celle qui pendant de nombreuses années fut par sa présence indéfectible mon soutien dans les joies et les peines de la vie, et de l’autre la joie non moins immense de la naissance à venir ?
Comment, surtout, acquiescer à la Vie, Don d’Amour de Dieu, tout en percevant ce qu’elle peut réserver de souffrances, et d’apparentes incohérences ?
Un enfant vient de naître. Les bergers, tout heureux, glorifient Dieu pour ce Don de Vie, dont les anges leur ont annoncé qu’il sauvera le monde. Et tout le monde s’étonne de cette info pour le moins surprenante : comment un petit enfant, pauvre et sans défense, pourrait -il sauver le monde ?
Toi, Marie, tu retiens tous ces événements, et les médites dans ton cœur.
Dès le commencement tu as dit oui, même quand tu ne comprenais pas, même quand c’était dur, même quand il a fallu, à peine devenue mère, laisser partir ton enfant, même quand tout semblait perdu, tu as gardé fidèlement ta confiance, et tu as dit oui.
Sans ton oui, Marie, Jésus n’aurait pas pu naître. C’est grâce à ton oui, à ta confiance totale, que l’enfant-Dieu a pu prendre vie en toi. C’est grâce à ton oui qu’il a pu naître à Bethléem. Grâce à ton oui aussi qu’il pourra grandir, se donner au monde. Grâce à ton oui que sa mort sur la Croix a pu montrer aux hommes de quel amour immense ils sont aimés de Dieu. Et ta maternité offerte s’est étendue au monde.
Dans toute vie, il y a des joies et des souffrances, et dans toute vie, des doutes et des questions sans réponses. Qu’il est difficile alors de faire confiance, d’encore espérer. Mais nous t’avons, Marie, Jésus t’offre à nous pour être notre guide par ton exemple. Toi, Marie, qui as toujours su laisser Dieu être Dieu en toi, Mère de Dieu et notre Mère, aide-nous à acquiescer à ce qui advient, à redire toujours oui à la Vie, oui à l’Amour. Aide-nous à accueillir aujourd’hui, dans la confiance, l’imprévu de Dieu, à le laisser germer et naître en nous et comme toi, à le donner au monde.

Annick SAUVAGE.


Décembre 2016: Évangile du dimanche 11 décembre (3ème Avent)

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (11, 2-11)

Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »
Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?… Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
« Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »

Méditation

Est-il possible de se tromper de messie? Les disciples de Jean le Baptiste doutent. « Es-tu vraiment celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Par son comportement, très différent de celui du Baptiste, Jésus inquiète. Qui est-il ? Est-il digne de confiance? Comment savoir que c’est bien lui ?

Faisant écho à la voix des grands prophètes d’Israël, Jean annonçait le Règne de Dieu comme une réalité imminente. Il le voyait venir comme l’orage, il entendait gronder la colère de Dieu. Il exhortait les foules à se préparer à l’événement qui allait s’abattre sur le monde. La prédiction de Jean fait trembler tout un peuple dont la grande espérance messianique, jamais éteinte totalement au fond des cœurs, ne demandait qu’à se rallumer. On accourait de partout vers le Baptiste. Sa réputation s’étendait jusqu’aux petits villages de Galilée. Jésus, lui aussi, se mit en route et alla demander à être baptisé. C’est peut-être à cet instant que tout le dessein divin lui est manifesté. Au moment où Jésus expérimente en plénitude sa filiation divine, il s’ouvre à la passion amoureuse de Dieu pour l’homme; c’est un Dieu de tendresse et d’amour. Sa mission lui est dorénavant dictée par son expérience profonde, par l’émotion unique que fait naître en lui la parole de son baptême. Il veut révéler aux hommes la proximité de Dieu. Le choix de Jésus est clair. Il sera sans détour et sans retour. Il lui tarde d’aller vers les hommes, tous les hommes, mangeant et buvant avec eux. Il ne sera pas, comme Jean, un héros de la solitude. Certes, il aimera toujours se retirer dans des lieux déserts pour y prier, pour entendre la voix du Père et se retrouver dans son être profond. Se recentrer sur lui même, comme on dit aujourd’hui. Mais sa prière le poussera toujours vers les foules devenant de plus en plus nombreuses. Il ira vers elles, il n’attendra pas, il se mêlera aux hommes et aux femmes, il sera le signe vivant que Dieu est prêt, que Dieu est avec nous dans ce que nous vivons au quotidien. « L’Esprit de Dieu est sur moi, dira-t-il, Il m’a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, promettre la délivrance aux prisonniers, la lumière aux aveugles, la liberté aux opprimés ». Voilà un discours qui tranche avec tout ce qu’on a déjà entendu. Jésus inquiète jusqu’à Jean emprisonné qui lui fait demander : « Es-tu celui qu’on attend ? ». Pour toute réponse, Jésus propose que les disciples de Jean aillent lui dire ce qu’ils voient et ce qu’ils entendent sans rater l’occasion de glorifier celui qu’il estime, plus qu’un prophète, un messager pour préparer le chemin.

Prière

Seigneur, tu n’apparais pas revêtu de puissance et de majesté. Malgré nos objections et nos rêves, tu nous as paru impuissant et insensé en Jésus, ton fils, créant notre désarroi comme celui de Jean-Baptiste. Aujourd’hui encore tu viens vers nous, mais tes chemins ne sont pas toujours nos chemins et ta conception de la justice n’est pas toujours la nôtre, ou si peu parfois. Tu n’es ni inaccessible ni au-dessus de tout, tu chemines avec tous les hommes, sur toutes les routes. Tu sembles si discret mais si nutritif et aussi indispensable que du pain. En ce temps de l’Avent qui nous prépare à ta venue, nous espérons pouvoir te reconnaître en toute femme, en tout homme, en tout pain partagé. Donne-nous des yeux nouveaux, des oreilles nouvelles pour que, comme les disciples de Jean, nous puissions voir et entendre les œuvres de ta présence. Ravive en nous la force de croire et d’espérer aujourd’hui et tous les jours du reste de notre vie.

Jean-Claude SIMON