LES ECHOS DE DÉCEMBRE 2015

4ème dimanche de l’Avent C – Lc 1, 39-45
20 décembre 2015

 

Marie annonce la Bonne Nouvelle

 

Un de mes anciens paroissiens, aujourd’hui décédé, m’a raconté qu’il était à Liège, le 8 septembre 1944, lorsque les Américains sont arrivés. Il a couru jusqu’à Bassenge pour annoncer la nouvelle : Les libérateurs sont là ! Quand on a une bonne nouvelle à annoncer, on ne tient plus en place.

« Marie partit en toute hâte« . Elle porte la nouvelle : le libérateur tant attendu est là ! Bien sûr, elle n’est pas la seule à attendre. Tout le monde attend le Messie annoncé par les prophètes. Mais à qui peut-elle annoncer cette incroyable nouvelle ? Aux voisins ? On la  prendrait pour une folle ! Aux grands-prêtres et aux pieux pharisiens ? On la traiterait de sacrilège. Enfin, ce n’est pas sérieux ! Le Messie, quand il viendra se révélera dans le temple, au cœur d’une liturgie grandiose ! Ou alors, il descendra du ciel entouré d’une multitude d’anges et d’archanges. Il aurait bien besoin de cette armée céleste pour rétablir et imposer la Justice sur la terre !

Mais venir comme un germe insignifiant dans le ventre d’une femme ? Qui peut croire cela ? Souvent, quand on a un secret à partager, une nouvelle étonnante, on se tourne vers les aînés, on se confie à sa grand-mère ou à son grand-père. Marie se rend chez sa vieille cousine Élisabeth, femme usée par la vie, mais dont la foi est vive et le cœur ouvert à l’inattendu.

Marie débordante de joie annonce la nouvelle et communique sa joie. Élisabeth tremble d’allégresse. Cette rencontre a déclenché un courant d’amour et d’espérance qui n’a pas cessé de traverser les siècles et de parcourir le monde. Et cette Bonne Nouvelle nous arrive aujourd’hui : Dieu lui-même vient nous libérer. Il vient, non pas de haut, non pas de l’extérieur, non pas en force et dans l’éclat, il vient de l’intérieur et du bas, dans la douceur et la discrétion, partager notre condition humaine et proposer la Vie en abondance.

Marie et Élisabeth, deux femmes de rien du tout, deux pauvres, mais deux aimantes. Ce seront désormais les pauvres, les humbles, les souffrants, les aimants qui recevront la Bonne Nouvelle en plein cœur. Dieu vient à notre rencontre, ouvrir nos vies, ouvrir l’avenir.

Saurons-nous à notre tour annoncer cette Bonne Nouvelle au monde? Tout particulièrement à l’occasion de cette Année Sainte de la Miséricorde ? Saurons-nous accueillir la paix et la joie de Dieu et la porter avec empressement, la partager sans réserve. Il n’y a pas de temps à perdre. Il faut se mettre en route. L’Année Sainte est commencée. Et déjà, dans la nuit, brille l’étoile de Noël.

Abbé Lucien Vanstipelen

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3ème dimanche  Avent C – Lc 3, 10-18
13 décembre 2015

 

« Que faire pour bien faire ».

 

« Que devons-nous faire ? ». Cette question n’est pas innocente, elle est révélatrice d’une source d’inquiétude chez les auditeurs de Jean-Baptiste. Chacun veut se situer par rapport à la prédication de Jean. Il ne faut non plus être dupe, chaque auditeur qui pose cette question à Jean a sa réponse en tête et veut savoir si la réaction de Jean vient la confirmer ou l’infirmer.

Une chose est certaine : Tous attendent que Jean Le Baptiste leur donne des consignes extraordinaires, qu’il leur parle d’un Messie de gloire qui vient libérer Israël de l’occupation romaine, rétablir la grandeur du royaume de David, lui redonner son honneur et sa dignité ternis. Sur le plan moral, ils attendent que Jean leur propose des règles strictes, des observances religieuses pour être dignes du Dieu d’Israël.

« Que devons-nous faire ? ». Jean fait savoir à son auditoire que son baptême n’est qu’un baptême de conversion à l’accueil du Messie, différent du baptême dans l’Esprit (qui vient transformer les mentalités) et dans le feu (qui vient brûler les idoles et purifier les cœurs) que le Messie apporte.

Jean ne juge personne et ne condamne personne mais il renvoie chacun à son propre examen de conscience pour décider des actions futures.

Jean surprend son auditoire et le ramène à la simplicité des gestes quotidiens. Il conseille à chacun de poser des gestes, des actions simples mais exigeants, les gestes de solidarité dans le partage et les gestes de justice dans la dignité et le respect de l’autre.

C’est quand ces gestes de solidarité et de justice sont posés au milieu de nous que nous pouvons retrouver le prophète SOPHONIE et l’apôtre Paul qui placent ce troisième dimanche de l’Avent sous le signe de la joie, joie sereine d’un Dieu créateur qui choisit la voie de la pauvreté pour ramener l’homme aux vraies valeurs de la vie. Que notre premier cadeau à offrir aux autres soit celui de répandre cette joie à profusion.

 

L’abbé Willy Mfukala  Moke Key

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2ème dimanche Avent C – Lc 3, 1-6
6 décembre 2015

Indispensable désert !

 

L’Evangile de ce dimanche commence comme un cours d’histoire. Luc situe un événement géographiquement et historiquement de façon précise : date, lieu, responsables politiques et religieux, identité du protagoniste. De quoi nous faire comprendre l’importance et la réalité de ce qui arrive et couper l’herbe sous le pied aux futurs négationnistes.

L’événement annoncé est, somme toute, assez anodin dans l’histoire du peuple juif, truffée de prophètes : un homme parle dans le désert au nom de Dieu. Mais cet homme n’est pas n’importe qui. Luc met dans sa bouche les paroles du prophète Isaïe. Il nous montre ainsi l’importance de cet homme qui rassemble en lui la parole des anciens pour annoncer le futur.  Il est le trait d’union entre le passé et l’à-venir. L’histoire est en marche et nous concerne toujours. Le spot est allumé sur l’arrivée du Seigneur dans notre humanité.

Cet homme crie dans le désert. Où est notre désert, ce lieu où la vie est réduite à l’essentiel ? Dans le désert du Sinaï, on marche avec peu de choses, son sac et ses compagnons. Pas de vie et de survie sans la solidarité du groupe. Le désencombrement entraîne la solidarité et permet de regarder, d’écouter et d’accueillir l’autre et l’inattendu de la Vie. Ce sont les chemins du tout-Autre, les voies de Dieu. Si nous voulons son appel, peut-être avons-nous à recréer les conditions du désert pour permettre l’irruption de Dieu dans nos vies. Il nous faut créer le vide en nous pour percevoir la petite musique de l’amour, le murmure de l’Invisible. Le plus souvent, nos têtes et nos cœurs sont remplis de soucis, de craintes, d’énervements. Nous sommes pré-occupés avant d’être occupé tout court. Il faut se désencombrer pour accueillir.

Dans le désert, la parole de Dieu fut adressée à Jean et c’est en fait l’évènement majeur de ce texte. Luc nous parle des actions de Jean à cette époque mais ses faits et gestes trouvent leur fondement dans la parole de Dieu qui lui fut adressée. Dieu parle et Dieu parle pour tous : « tout être vivant verra le salut de Dieu ». Le croyons-nous encore ? Il nous demande de l’entendre, de l’accueillir et cela devrait suffire. Comme pour Jean, cela peut transformer nos vies  et nous tourner vers l’essentiel. Et quand on est rempli du Seigneur, on ne peut le garder pour soi. On devient à son tour des Jean-Baptiste qui annoncent  Celui qui vient, pour que cette parole devienne réalité : je crois que mon sauveur est né !

 

                                                                                   Dominique Olivier

 

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1er dimanche Avent C – Lc 21, 25-28.34-36
29 novembre 2015

Premier dimanche d’Avent

 

Vivre l’Avent ! Cette période de quatre semaines entame une nouvelle session liturgique.  Elle va nous entraîner au travers du troisième évangile : celui de Luc.  Vingt-sept jours pour retrouver le Christ dans son incarnation : « vrai Homme et vrai Dieu, » maintiendra fermement l’Église à travers son Histoire.  Alors, ce dimanche, allons-y et plus particulièrement découvrons dans nos bibles l’histoire du salut en mettant la priorité sur celle de la promesse.  C’est elle qui maintient la tête de ce peuple hors de l’eau et qui donne à sa vie la couleur de l’espérance.  Certes, l’évangile de ce dimanche parle d’apocalypses, entendez par là de catastrophes et de fins de mondes.  Contrairement à ce que l’on pourrait croire, son but n’est pas de nous faire peur mais de nous inviter à espérer.  N’est-ce pas lors des moments les plus difficiles que la vie nous invite à tenir bon et, de même, nous connaissons tous des gens qui, ayant frôlé la mort lors de maladies ou d’accidents, deviennent paradoxalement ceux qui savent savourer leur existence et par là même, lui donner tout son sens ? L’espérance serait-elle nécessairement le fruit de la peur ou le résultat des catastrophes humainement vécues ? Autrement dit, pensez-vous que quelqu’un qui vit dans un bien-être ou une bonne sérénité n’aurait plus rien à espérer ? L’espérance devient-elle le privilège, voir, le « luxe » des pauvres, des exilés, des malades ou des exclus de toutes sortes ? Avoir trop, n’est-ce pas risquer de prendre appui sur ce que l’on a et de considérer le reste au travers de notre suffisance ? Pensons-y pendant cet Avent et demandons-nous, si le pauvre, même celui que nous croisons près de chez nous, n’est pas le signe vivant de l’humanité de l’Évangile ? Ne le redoutons pas ! Ce n’est pas sa différence qui doit nous faire peur.  Ce monde n’est-il pas devenu aujourd’hui le creuset particulier et privilégié dans lequel le message du Christ trouve toute la richesse d’un terreau pour se développer.

MAYERES Jean-Luc