LES ECHOS DE MARS 2016

Dimanche de Pâques – Jn 20, 1-9
Dimanche 27 mars 2016

VOIR ET CROIRE

 

« Il vit et il crut !». Qu’a-t-il vu pour croire ? Un tombeau vide ! C’est la pire des absurdités. Car le tombeau vide ne peut constituer une preuve suffisante de la résurrection de Jésus. « Il vit et il crut ». A la vue du tombeau vide, Jean s’est rappelé de tout ce que les écritures ont dit sur Jésus mais il s’est rappelé aussi ce qu’il a lui-même vécu avec Jésus, notamment la Transfiguration de Jésus dont il fut l’un des témoins oculaires.

Je ne vais pas vous fournir des preuves de la résurrection de Jésus, travail des théologiens, je vais essayer de répondre à deux questions essentielles qui doivent préoccuper les chrétiennes et chrétiens de ce premier quart du XXI°siècle : Où est-il le Christ ressuscité ? Où pouvons-nous le trouver ou le rencontrer ?

Où est-il le Ressuscité aujourd’hui ? Il est là où les souffrances de tout genre sont enlevées ou reculées. Le Ressuscité est là où la haine est anéantie par les armes de l’amour et de la convivialité. Il est là où la misère sous toutes ses formes est combattue avec énergie. Il est là où le droit et la justice rendent à chaque homme, à chaque femme toute sa dignité et son humanité. Il est là où le droit et la justice font retrouver à chaque homme, à chaque femme sa place dans la société d’aujourd’hui.

Où peut-on trouver le Ressuscité, le Vivant aujourd’hui ? Le Christ vivant est là où les hommes et les femmes renoncent à la haine, se tendent la main et décident de construire la paix. Le Ressuscité est là où les hommes et les femmes se serrent des coudes pour faire reculer la faim et la misère. Il est là où les hommes et les femmes se battent pour faire perdre à notre humanité son visage d’égoïsme et d’assassin. Ce combat nous concerne à tous les niveaux.

Nos communautés chrétiennes doivent être les témoins et le point de rayonnement de cette présence du Christ ressuscité par des actes de solidarité humaine et de défenseurs de la vie.

 

MFUKALA Moke Key


Dimanche des Rameaux C –  Luc 19, 28 à 40
dimanche 20 mars 2016

 

Bonne montée vers Pâques !

 

En ce dimanche de fête, je ne peux m’empêcher de penser à cet autre dimanche de rameaux, en 2014, à Casablanca. Les hasards de la vie pour les non-croyants, la providence pour moi m’avait conduite à participer à un voyage interreligieux au Maroc. Le but de ce voyage était de découvrir la façon spécifique dont le Maroc gère le champ religieux. Il s’agissait d’aller à la rencontre des différentes communautés implantées là-bas, mais aussi de vivre ce type d’échanges au quotidien puisque le groupe était constitué d’une bonne quarantaine de belges musulmans, chrétiens et juifs. Même si je me suis embarquée dans ce voyage un peu à la dernière minute, j’étais certaine de saisir une opportunité qui rejoignait mon désir profond de rencontre au carrefour des trois grandes religions qui me tiennent à cœur. Et je ne fus pas déçue ! Le dimanche des rameaux vécu à Casablanca en fut la plus belle preuve.

Tout au long du voyage, nous avons appris à nous apprivoiser dans ce qui nous touchait au plus profond, notre foi respective.  Les visites des lieux de culte des différentes religions représentées nous ont permis de mieux saisir la réalité priante de chacun. Le dimanche des rameaux était notre dernier jour et c’est tout naturellement que nous avons invité nos amis musulmans et juifs à nous accompagner. Leur acceptation nous a permis de vivre un moment de grâce. Après l’accueil joyeux de la communauté paroissiale multiculturelle, remplie d’enfants et de familles, nous avons écouté côte à côte l’évangile du dimanche des rameaux et la lecture de la Passion. Dans le recueillement partagé, j’ai mesuré le chemin parcouru en une semaine. Oui, là, je pense que nous avons prié les uns pour les autres.

Deux ans après, l’actualité mondiale brûlante et violente nous montre tous les jours l’urgence de l’apprentissage du bien vivre ensemble. N’est-ce pas, en résumé, tout ce que Jésus a essayé de dire toute sa vie ? Les textes de ce dimanche des rameaux  nous introduisent à la semaine sainte et à la fête de Pâques. Nous y passons de la fête de la vie, de l’affirmation de l’amour et de la paix à la violence d’une exécution injuste et à la mort. La fête des Rameaux inaugure, une nouvelle manière d’être ensemble, de « faire royaume » pour que chaque personne, chaque peuple ait un avenir. Pas facile de construire ensemble quand nos pauvres mains sont tremblantes de préjugés. Mais nous pouvons nous appuyer sur la présence   du Ressuscité, pour que ces prémices deviennent, dans nos mains, réalité.

 

Bonne montée vers Pâques

 

                                                                       Dominique Olivier


5ème Dimanche Carême C – Luc 4, Jn 8,1-11
13 mars 2016

 

T’es-tu déjà vu quand …

Comme çà passe vite ? Dans une semaine, nous vivrons le weekend des Rameaux : ce long tapis rouge qui se déroule devant nous jusqu’à la vigile pascale.  Ne grillons pas les étapes ! Nous sommes le cinquième dimanche de Carême  et la liturgie nous propose, aujourd’hui, la rencontre entre le Christ et la « femme adultère ».  Durant une année consacrée à la Miséricorde, n’est-ce pas un texte qui nous invite à aller plus loin. Des « trop bien-pensants » sont tombés sur le râble d’une « pauvre femme », une marginale qui cherche à vivre comme elle peut et à vendre du rêve aux gens qui le lui demandent.  Alors, appliquons la loi ou plutôt la Loi, rien que la Loi, mieux qu’au tribunal ! Aucune possibilité de pardon : la Mort, et rien d’autre, et pas n’importe laquelle, en la « caillassant » allègrement.  Pour se donner bonne conscience, ils vont consulter le « rabbi à la mode », le Christ, juste pour lui demander son avis, ou mieux, pour le mettre à l’épreuve. Que va-t-il répondre : qu’il dise « oui » ou « non », on l’aura.  Et pourtant, le Christ va montrer son « Joker » en renvoyant ces gens à leur vécu.  « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ! » Alors ils s’en vont, tous, comme des chiens battus, la queue entre les jambes.  Ils ont vite compris que la cndamner, c’est foncer tête baissée dans un autre piège, l’unique, celui qui fait commettre à l’humain ses pires bêtises : son orgueil.  Le Christ les place devant un miroir : celui de leur conscience.  Et s’il nous faisait le même cadeau, cet outil remarquable qu’est le miroir, ce miroir de poche pour que nous l’utilisions ! Dans un premier temps pour nous mettre de bonne humeur : c’est difficile de ne pas sourire devant son propre reflet.  Ensuite pour nous demander si notre vécu ne nous réclame pas de l’indulgence et si, cette indulgence, nous ne ferions pas mieux de l’appliquer aux autres.

MAYERES Jean-Luc.


4e dimanche de Carême C – Lc 15 1-3.11-32
6 mars 2016

Un Dieu qui « Danse »

Il y a dans les récits évangéliques, et singulièrement dans les paraboles, une force d’évocation que ne renierait pas le cinéma de court métrage. En quelques mots le réalisateur plante le décor et y place quelques personnages tellement typés que le spectateur se passe volontiers de longues descriptions pour se les représenter. Puis, tel un horloger actionnant d’une pichenette un balancier, le cinéaste introduit le léger déséquilibre qui va mettre en branle tout ce petit monde. Silence on tourne !

« Un homme avait deux fils… », le plus jeune lui demande la part d’héritage qui lui revient et s’en va dans un pays lointain où il gaspille dans une vie de débauche l’entièreté de sa fortune, puis revient à la maison, ruiné, affamé et contrit. L’aîné est certes demeuré fidèle à servir son père, mais il est incapable de partager la miséricorde de celui-ci.

Au terme d’une vision un peu superficielle, selon les aléas de notre histoire intime, nous nous identifierons sans doute à l’un ou l’autre de ces deux fils en réduisant ainsi ce film à un conte moral exhortant à la conversion et au repentir.  Trop centrés sur nous-même, nous négligeons un troisième personnage auquel les mouvements de caméra nous ramènent pourtant sans cesse, le Père. C’est de Lui dont nous parle l’histoire. Un Père respectueux de la liberté de ses enfants, un Père patient et aimant, un Père qui « danse », fou de joie, au moment des retrouvailles.

Entre « Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. » et « Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. » le fils prodigue n’a jamais douté de cette paternité sans quoi il n’aurait pas trouvé la force de revenir à la maison familiale et serait probablement mort égorgé dans une ruelle sordide.

Le frère aîné, quant à lui, n’utilise jamais le mot « père », il semble se considérer comme un domestique : « Il y a tant d’années que je suis à ton service sans jamais avoir désobéi à tes ordres ». N’étant pas vraiment fils peut-il comprendre l’attitude d’un père et, a fortiori, lui faire confiance ? Jaloux et amer, il refuse d’ouvrir à son cadet un avenir sous le même toit que lui. Semblable aux pharisiens, il écrase la faiblesse sous le poids de la loi.

Dans la parabole du fils prodigue comme d’ailleurs dans celle de la brebis perdue ou encore celle de la drachme perdue nous découvrons un Dieu Père dont la joie est à son comble quand nous entrons dans son projet de réconciliation. Se découvrir inconditionnellement aimés, malgré nos fautes et nos faiblesses, est une expérience fondatrice dans toute vie chrétienne, une expérience qui nous donne liberté et audace et que nous ne pouvons que partager en devenant signes de la miséricorde de Dieu pour tous les hommes.

Ludovic Namurois, op